FRANCE(S), TERRITOIRE LIQUIDE

Paul Wombell (dir.) : « France(s), territoire liquide », pages 290 à 295, 6 photographies couleur, issues du projet Artefact, préface de Jean-Christophe Bailly, Editions du Seuil, Collection « Fictions et Cie », 383 pages, 2014.

Extrait du texte de Paul Wombell sur la série Artefact : « Les signes visuels que l’on peut voir dans un paysage sont le plus souvent des publicités pour des biens ou des services. Guillaume Bonnel s’est intéressé à une autre forme de signalétique, celle que l’on peut voir dans les parcs naturels. Ces photographies sont utilisées pour améliorer la compréhension qu’ont les humains de leur environnement, en leur indiquant quelle sorte d’animaux vit à tel endroit ou encore quels sont les vêtements les plus adaptés à l’exploration de ce terrain. Le monde devient donc connaissable en plaçant quelques photographies sur le territoire. Il s’agit d’un paysage médié dans lequel non seulement les photographies informent le spectateur de ce qu’il doit voir, mais également de quelle manière il doit voir. Cette projection de la connaissance est le précurseur des nouvelles formes de technologies visuelles comme Google Glass, une technologie qui permet de guider les humains et de les informer de la manière dont ils doivent comprendre et naviguer dans leur environnement ».

Résumé, par Bernard Comment : « Quarante trois photographes, jeunes pour la plupart, se sont autosaisis d’une mission inscrite dans une forte tradition (de la mission héliographique en 1851 à celle de la DATAR au début des années 1980, en passant par la grande opération menée aux Etats-Unis par la Farm security Administration entre 1935 et 1942), celle de dire un paysage sans le figer. Les frontières deviennent incertaines, les catégories s’abolissent, la photographie rejoint la littérature dans sa capacité à décloisonner le temps et l’espace. Métaphoriser le territoire par la liquidité, c’est affirmer la possibilité de secouer les perceptions qui ont cours. Nulle commande ici, aucune administration à l’initiative de quoi que ce soit. Pour les photographes, indépendants et cooptés, il y avait simplement le désir d’appréhender les réalités contemporaines de leur pays, de percevoir ses élans ses lignes de fracture, ses mélanges, ses espaces naturels ou urbains, se recoins, ses sommets, ses relais, ses évolutions, ses subtilités, ses complexités, ses habitudes, ses modes d’habitation, ses virtualités… ».

Guillaume Bonnel, France(s) territoire liquide, artefact
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