Photographies argentiques, impressions pigmentaires 60×75 cm sur photo rag 308 g, 2011. Projet préalable à la série Artefact réalisée en France pour France(s), territoire liquide.
Le rapport à la nature dans un pays comme la France est singulier, sans doute assez tributaire du modèle du jardin à la française. Depuis 30 ans le territoire s’est couvert de parcs et de réserves comme beaucoup d’autres pays occidentaux. Or la nature de ces parcs écologiques n’a plus rien à voir avec le sauvage, elle devient un artefact, une création humaine artificielle étrange.
Ces espaces, souvent situés à la périphérie des villes où ils prennent le relais des parcs urbains du dix-neuvième siècle, révèlent cette socialisation de la nature à travers des écriteaux, balisages et installations pédagogiques destinées à prendre le visiteur par la main. En conciliant l’accueil du public, la protection des écosystèmes et la pédagogie à l’environnement, ces espaces organisent une véritable « mise en scène » de la nature, parfois de nature injonctive.
Ce travail photographique tente de révéler ce qu’il advient de la nature lorsqu’elle est ainsi mise en mots et en étiquettes, à la fois apprivoisée et mise à distance. Devenue un espace médié (c’est à dire accessible via un intermédiaire), la nature ferait-elle si peur à l’homme urbain d’aujourd’hui qu’il doive la tenir à distance, la mettre en boîte sous forme d’artefact muséal ?
La pratique des « sentiers d’interprétation » a pris naissance au Canada dans les années quatre vingt. On y trouve aujourd’hui de très nombreux parcs et lieux de découverte de la nature ayant fait l’objet d’aménagements anciens, de nature à « révéler au public la signification de notre patrimoine naturel et culturel à l’occasion d’un contact direct avec des objets, des artéfacts, des monuments, des sites ou des paysage » (Peart an Wood, 1976).
Cette série, réalisée dans les environs de Montréal en 2011 tentait de constituer un point de référence outre atlantique, en vue de comparer les manières de mettre la nature en scène avec celles ayant cours en France. Dans certains cas, elle révèle une démarche de conception d’espaces naturels fabriqués de toutes pièces et complètement artificiels. Elle est à comparer à la série Artefact II, réalisée cette fois en France et postérieurement
G. Bonnel